top of page

PoLa, mémoire de paysages trait portrait

 

Le présent nous échappe un peu plus chaque jour sous l’écrasante accélération technique produite par l’homme contemporain. Un état des lieux qui nous incite à prendre la mesure du temps qui passe en appréciant chaque instant de notre présent qui se réduit inexorablement ; une démarche qui pourrait alors se révéler salutaire. A l’intérieur de cette parenthèse temporelle, le projet PoLa propose une balade à travers le paysage, la mémoire du temps.

Dans le silence de la campagne ou dans le tumulte de la ville, à l’orée d’un bois ou au détour d’une rue, PoLa nous invite à faire une pause pour ressentir notre environnement à la fois immobile et en mouvement ; se laisser guider par le regard, s’attarder sur un fragment de lieu qui nous révèle l’authenticité, la singularité mais aussi la fragilité de l’instant. Ce portrait émotionnel de notre paysage est une empreinte directe du réel et de l’instant présent ; l’humanité qui s’en dégage questionne la place de l’homme dans notre environnement. En outre, le projet s’applique à valoriser de façon informelle notre patrimoine naturel et architectural sur le territoire. Avec humilité, il propose de l’inscrire à nouveau dans l’histoire ; marqués par leur époque, ces portraits sont ici des passeurs de mémoire.

Dans un premier temps, le travail in situ prend la forme d’esquisses où la spontanéité du geste est presque palpable, toujours au plus près des émotions. Dans cette approche, la reproduction pure et simple ne m’intéresse pas, je recherche davantage l’intensité du coup de crayon, fluide, qui fixe sur le carnet l’instant et l’atmosphère de la scène. Chaque dessin est réalisé en quelques minutes. Le trait monochrome est direct et sans retouche, la date et l’heure exactes affirment une présence humaine et soulignent la notion de temps. Le travail se poursuit et s’organise dans l’atelier selon un processus bien défini. Tout d’abord, un travail de recadrage et d’agrandissement du croquis s’opère comme pour mieux se laisser absorber par le paysage. Afin de transcender chaque scène, la mise en couleur est réalisée aux pastels à l’huile. Sur un aplat de couleur, le tracé épais est matière, il reproduit trait pour trait le dessin original pour garder l’authenticité du geste et sublimer la justesse d’une scène ordinaire. Chaque visuel est ensuite présenté sur un support PVC. Ce médium est gravé à la main et reprend la forme et les codes graphiques du Polaroïd. Ancré dans la mémoire collective, celui-ci est le symbole de l’instantanéité et fait ici partie intégrante de la composition. Dans le détail de l’observation, le travail s’éloigne de la représentation figurative. Débarrassé de tout repère, le paysage fragmenté devient un matériau prétexte à une exploration de la matière picturale dans toute sa diversité chromatique ; il redéfinit ainsi l’espace en proposant une nouvelle écriture graphique et lumineuse.  

— Le territoire et le paysage trait portrait — met l’accent sur l’apparente banalité du paysage en le valorisant comme acteur du territoire. La photographie de lieu est un décor juxtaposé à sa mise en scène, le PoLa. Chaque portrait donne le premier rôle à une singularité du paysage. Parallèlement, le projet se déploie in situ et propose un parcours ponctué d’installations. Le promeneur est invité à s’arrêter pour découvrir conjointement le paysage cadré et son instantané. Dans le silence et la contemplation, le paysage interroge celui qui le regarde. 

PoLa multiplie les inspirations ; de la peinture à la photographie, en passant par la bande dessinée, toutes ces références nourrissent ce projet sur le fond et sur la forme. Pour le définir plus précisément on pourrait évoquer, du moins dans l'intention, le courant artistique impressionniste, principalement dans l'approche de l'instantanéité et la représentation du paysage ; une idée maîtresse autour de laquelle le projet PoLa se construit… 

 

A l'image de ce courant artistique, le projet PoLa repose, dans sa traduction picturale, sur l'absence d'objets et parfois de toute représentation humaine ne laissant apparaître que la perception de l'instant. Les effets de composition disparaissent ; le cadrage, lui, est travaillé. L'esquisse est rapide et le trait de même épaisseur est fluide. L'absence d’ombres et de hachures restitue une image claire du paysage et en accentue l'impression fugitive du paysage. On retrouve dans l'approche de la matière en touches épaisses (pastel gras, peinture en tube) une caractéristique propre aux impressionnistes : le geste est presque visible et palpable. Cette restitution du paysage au trait peut aussi rappeler de façon plus anecdotique le graphisme sobre de la bande dessinée, notamment la "ligne claire" indissociable du "style hergéen". 

Le travail de la couleur est également très important dans le projet PoLa ; celles-ci contribuent à célébrer la nature dans toutes ses singularités. Le peintre David Hockney, figure emblématique du pop'art anglais, n'est pas étranger dans cette démarche. Dans ses récentes réalisations, il effectue un véritable retour à la nature ; il n'a de cesse d'arpenter la campagne anglaise pour saisir les paysages à la façon des impressionnistes. Ces couleurs vives et intenses sont sa signature, elles enchantent et magnifient chacun de ses paysages…  

 

Le travail des photographes allemands Bernd et Hilla Becher a aussi inspiré ce travail notamment dans la série "PoLa territoires & paysages". Depuis les années 50, le couple Becher dresse des portraits de bâtiments industriels ; leur particularité est de toujours les photographier avec la même lumière (ciel couvert), le même cadrage (frontal et centré) créant ainsi des typologies de ces constructions qui mettent en valeur à la fois leurs points communs et leurs différences. En prenant comme exemple le processus de création de Bernd et Hilla Becher, les clichés de paysages de la série  "PoLa, territoire & paysages" sont réalisés en noir et blanc, le plus souvent par temps gris et frontalement. L'image est toujours élaborée dans les proportions suivantes : 2/3 de ciel 1/3 de paysage. Le sujet principal de l'image est légèrement décentré sur la gauche, le tirage photo est ensuite agencé avec le PoLa et définit la composition finale.

PoLa / Trans-paysages — Ici et ailleurs, mémoire de paysages. Le projet “PoLa trans-paysages” propose un voyage à la croisée des territoires. Les PoLa sont des portraits instantanés de paysages, des croquis pris sur le vif et reproduits sur grand format. Ils sont ensuite mis en scène de façon éphémère et photographiés dans l’environnement. C’est par conséquent dans un décalage de temps et de lieu que se définit un nouvel espace visuel, sans frontière, où le dialogue se noue entre deux territoires. Cette démarche interpelle celui qui regarde, elle le questionne sur l’histoire et la mémoire d’un paysage tout en le renvoyant à ses propres souvenirs. 

 

— Couleurs mémorielles, couleurs essentielles — Ce projet est le prolongement du projet "PoLa Trans-paysages" un work in progress à découvrir et à suivre sur instagram. Ma démarche est ici instinctive et étroitement liée à l'utilisation de l'objet "pins" utilisé dans le projet cité ci-dessus. "PoLa pins" s'applique avant tout à définir les couleurs essentielles du paysage en s'appuyant sur les couleurs dites mémorielles. Ces couleurs sont donc le résultat à posteriori d'une observation in situ. Ces nuances résiduelles sont présentées sous la forme de points chromatiques et portent de façon subjective les tonalités dominantes du paysage. Une fois assemblés, les points lumineux contrastent, de par leur abstraction, avec le dessin figuratif ; le décalage visuel laisse alors planer une atmosphère heureuse sur la composition. On peut retrouver une forme de clin d'œil au travail de R. Lichtenstein, principalement dans son utilisation de la trame mécanique ; comme si l'on avait agrandi cette trame plusieurs fois et parsemé les points de couleurs à la surface du dessin.

trait portrait
memorielles
bottom of page